Maria Montessori et les périodes sensibles

Qui est Maria Montessori ?

Elle est une médecin et pédagogue italienne, née en 1870.
Issue d’une famille bourgeoise, Maria était destinée à devenir enseignante, mais son amour pour les mathématiques et les sciences l’ont poussé à faire des études de médecine, malgré les préjugés. En 1896, elle devient docteur, avec une thèse dans le domaine de la psychiatrie.

Durant ses années d’études dans une clinique psychiatrique, elle se rend compte que les enfants et les adultes ne sont pas séparés et que les enfants n’ont accès à aucun jeu ou stimuli. Avec l’accord du directeur de l’établissement, elle crée le premier service pédopsychiatrique. Pour Maria Montessori, il est évident que des progrès pourraient être notés avec à disposition du matériel permettant la manipulation. Elle commence à prendre soin des enfants en leur proposant du matériel adapté, et leur apprend à lire et écrire. Elle réalise combien l’éducation est plus bénéfique à ces enfants que les soins seuls.

Sa pédagogie

Maria Montessori rencontre d’autres grands personnages comme Jean Itard, Edouard Seguin, et s’inspire de leurs expériences dans son service.

En 1906, elle développe une pédagogie pour enfants dits « normaux » et crée en 1907 la première « Casa dei bambini », à Rome, dans le quartier San Lorenzo. C’est dans cette maison des enfants, où elle accueille la journée les enfants de ce quartier, qu’elle va pouvoir observer, expérimenter et tester sa méthode.
Sa pédagogie repose sur plusieurs principes : le respect du rythme de chacun, le respect mutuel, l’apprentissage par l’expérience, l’autodiscipline et le libre choix des activités.
Son but est que chaque enfant puisse être prêt demain à vivre dans la société, en étant responsable, capable de s’adapter et autonome.

L’observation est une partie extrêmement importante dans la façon d’agir de Maria Montessori.
En effet, pour elle, tout part de là. Observer et non juger. C’est grâce à l’observation de l’enfant que l’adulte sera en mesure de répondre correctement à ses besoins et de proposer quelque chose qui l’intéressera et l’éveillera.
L’observation rend aussi l’adulte capable de déceler une faiblesse et d’accompagner l’enfant dans la recherche d’une solution afin qu’il ne soit plus en échec.

L’enfant

Elle écrit plusieurs ouvrages, comme le livre « L’enfant » paru en 1936. Nous allons donc nous attarder sur un thème de cet ouvrage : les périodes sensibles chez l’enfant.
Maria Montessori nous explique que le savant hollandais Hugo de Vries a découvert les périodes sensibles chez les animaux, en particulier les insectes comme la chenille et l’abeille. Notre scientifique et auteure, après de longues heures d’observation, a décelé le même genre de phénomènes chez les enfants.

Tout d’abord, nous allons décrire ce qu’est une période sensible en général, puis celles des insectes décrites par le savant hollandais. Enfin, nous détaillerons les périodes sensibles chez les enfants et ce qu’est un obstacle à son développement.

Les périodes sensibles

Les périodes sensibles sont limitées dans le temps et très spécifiques à un comportement ou une activité. Il y en a plusieurs durant la croissance de l’être vivant. Une fois le but de la période sensible atteint, l’intérêt ou la sensibilité cesse. Inconsciemment, l’être s’est développé, a mûri, a acquis des compétences physiques ou psychiques.

Hugo de Vries nous donne l’exemple assez incroyable des chenilles. La mère chenille pond les œufs au creux d’une branche et du tronc. Mais cela est à l’opposé total de l’endroit où le bébé chenille est supposé se nourrir : en bout de branche, sur des feuilles tendres. Personne ne lui a appris à l’éclosion où elle doit aller mais, sa sensibilité à la lumière la fait se déplacer vers l’endroit propice à son régime. Puis, au fur et à mesure de sa croissance, cette sensibilité à la lumière diminue, non pas qu’elle devienne aveugle, mais cela lui est désormais égal.

De même pour l’enfant, il est important de repérer les périodes sensibles afin de répondre au bon moment à une demande presque obsessionnelle.

Maria Montessori disait ceci de ces moments : « quand il traverse une période sensible, c’est comme si une lumière divine émanait de lui, n’éclairant que certaines choses sans éclairer les autres. Et l’univers de l’enfant ne réside que dans celles qui sont éclairées ». Elle a donc identifié des périodes sensibles chez les enfants et les a utilisées à des fins éducatives.
En effet, durant une certaine période sensible, l’effort demandé pour l’acquisition d’une compétence n’en sera pas un pour l’enfant, car l’acquisition viendra peu à peu naturellement. En revanche, si elle n’a pas été faite pendant cette période-là, son apprentissage pourra être bien plus laborieux par la suite car il ne sera pas naturel.

Un obstacle

Prenons néanmoins garde à ne pas être ou amener un obstacle à ce moment si précieux. Nous parlons souvent de caprice fait par un enfant lorsque, pour nous adulte, l’enfant réagit de manière excessive à un moment T pour aucune raison apparente. Calmer un « caprice » peut devenir un casse-tête car, sans observation, nous ignorons la cause de cette explosion émotionnelle.

Être une entrave lors d’une période sensible peut entraîner des conséquences négatives dans son développement plus tard. Cela peut être de faire à sa place au lieu de lui montrer et de l’encourager à reproduire. Une entrave peut être de l’arrêter lorsqu’il réalise un « travail » en lien direct avec sa période sensible. N’ayant point terminé jusqu’au bout, il est fort possible que l’enfant le manifeste.

Notre auteure explique que « les caprices sont l’expression d’une perturbation intérieure, d’un besoin insatisfait, ce qui crée un état de tension. Ils représentent une tentative de revendication de l’âme qui cherche à se défendre ».

« Une période sensible se développe : c’est comme si l’ordre divin donnait un souffle magique aux choses inertes et les animait avec l’esprit » – Maria Montessori

Le langage, l’ordre et le mouvement

Détaillons plusieurs périodes sensibles expliquées par notre scientifique italienne.
Le langage en est une. En effet, commençant seulement par des cris et bruits chaotiques, l’enfant développe peu à peu son oreille et sa sensibilité à la langue parlée, à l’articulation nécessaire pour reproduire les sons entendus. Il ingère naturellement la particularité de sa langue maternelle/paternelle. Nous pouvons ainsi observer la beauté de la création quand un nourrisson qui part d’une syllabe développe au fur et à mesure son langage pour en faire une phrase complexe.

L’ordre en est une autre, très vaste. L’enfant a besoin d’ordre. L’ordre est également présent sous forme de routine pour rythmer les différents moments de la journée. La répétition est importante à ce niveau-là. En effet, agir dans le même ordre pour réaliser telle ou telle tâche l’aide intérieurement.

L’ordre donne des repères dans le temps et dans l’espace, mais aussi permet comme d’imprimer au plus profond de soi certains mouvements, façons de faire ou d’être.
Ainsi, l’enfant rassuré et en paix peut avancer et se concentrer sur autre chose. Si l’ordre ne règne pas, l’enfant sera perturbé, déconcentré, prêt à exploser dans certaines situations, se sentant perdu et incapable de réguler seul l’origine de cette émotion et sensation.

Le mouvement est une autre période sensible. Depuis la naissance, ses mouvements s’affinent. Il est donc important de le laisser le plus libre possible, et de préparer un environnement qui puisse l’éveiller à ce niveau-là.

Grâce au livre l’Enfant de Maria Montessori, nous réalisons la grandeur et la complexité de la croissance et du développement d’un enfant. Nous apprenons à repérer les différentes périodes sensibles. Cela nous permet ainsi d’agir en conséquence et surtout d’éviter toute déviance.